Eau : dans le cloître sert pour les ablutions des moines avant les repas ; cette eau est symbole de pureté comme l’eau du baptême. Puits de Jacob, puits de la Genèse, source de vie qui se déverse dans les vasques plus ou moins ornées, comme la grâce descend dans les âmes assoiffées. L’eau est un des quatre éléments, toujours présente dans le cloître avec la terre du jardin, l’air de cet espace à la fois extérieur et intérieur et enfin le feu qui se réfère à la lumière et à la Trinité.
Cheminement : le cloître est fait pour le cheminement où l’on découvre à travers des cadres successifs, des vues différentes sur l’arbre, le ciel, le clocher, comme sont distinctes les étapes qu’il faut franchir sur le chemin qui mène vers la connaissance, rythmé par les zones d’ombre et de lumière, faisant progresser, avec des haltes, vers les découvertes intérieures pour établir un jour la relation suprême avec le divin. Sous les voûtes, abritées et pourtant en liaison avec la terre et la nature à portée de vue, les pas lents avancent dans le silence, s’arrêtent, reviennent sur le sol dallé en continu qui se replie sur lui-même. De même que la lumière qui pénètre à travers les arcs, la pensée fait son chemin dans l’obscurité qu’il faut traverser pour retrouver l’illumination soudaine. L’esprit du lieu n’est pas le même que celui de l’église où la louange s’élève en commun sous les voûtes. Ici le silence a une densité particulière, adapté à la méditation et à la lecture solitaire. Le cloître est le reflet de ce doit être la vie spirituelle qui, loin de laisser vagabonder l’imagination, inspire par ses proportions, sa rigueur, sa qualité de silence, une attention comme une respiration, qui laisse présager une rencontre. C’est ici que se poursuit l’aventure personnelle de celui qui, dans ce parcours vers l’infini, le long des galeries sans fin qui pourtant se rencontrent, progresse vers une présence sensible, en suspension, venue du lieu même et qui résonne dans l’esprit en alerte, ordonnant jusqu’aux gestes et au comportement mesurés.
Selon Guillaume Durand « Dans le sens moral, le cloître représente la contemplation dans laquelle l’âme se replie sur elle-même, et où elle se cache après s’être séparée de la foule des pensées charnelles, et où elle médite les seuls biens célestes.”